Comment photographier les oiseaux en vol

Photographier des oiseaux en vol peut être vraiment intéressant pour l’impact visuel de vos images. Et pourtant, c’est aussi une discipline qui peut être extrêmement frustrante. Comme pour tous les types de photographie animalière, le succès est dû aux facteurs habituels que vous devez prendre en compte: la lumière, la vitesse d’obturation, l’ouverture et les ISO.

À moins de vivre dans l’une des régions les plus ensoleillées au monde, vous aurez rarement la possibilité de prendre des photos des oiseaux en vol à f/8, 1/8000sec, ISO 50. Alors, vous devez faire des compromis! Cependant ne vous découragez pas car même sous un ciel nuageux avec un appareil photo aux performances ISO élevées, vous pouvez régler les paramètres à votre avantage.

Nikon D750 + Nikkor 200-500mm f/5.6 (1/1600sec |f/8|iso 3200|+1.3EV)

Suivi du sujet et trépied

Avant même de vous soucier des paramètres, une des techniques clés pour réussir la photographie d’oiseaux en vol est d’apprendre à le chercher et le suivre dans votre viseur.

ça parait simple en théorie. Dans la pratique, on passe beaucoup de temps à chercher l’oiseau qui était pourtant droit devant nous la seconde avant de mettre l’œil dans le viseur.

En d’autres termes, suivre un sujet aux mouvement erratiques est très difficile. Par conséquent, une bonne technique acquise par entrainement est essentielle, en particulier pour les grands et lourds téléobjectifs qui nécessiteront l’utilisation de trépieds et d’une tête à cardan (voir mon article : Comment choisir facilement une tête de trépied photo? ).

Cependant, que vous ayez un grand et encombrant téléobjectif ou un objectif plus petit, les règles restent les mêmes: garder des mouvements stables et fluides pour augmenter les chances de réussites.

Des mouvements fluides vous aideront à photographier les oiseaux aux changements de directions rapides.

Une bonne astuce ici est d’essayer de placer le sujet dans votre viseur lorsqu’il est plus éloigné de vous. Cela est particulièrement vrai si vous zoomez, car le champ de vision peut devenir très étroit, ce qui rend encore plus difficile sa recherche et la mise au point sur lui.

Plus l’oiseau est éloigné, plus il sera facile à suivre et, à mesure qu’il se rapprochera, vous pourrez plus facilement comprendre ses mouvements et sa vitesse. Cela devrait vous donner une meilleure chance de suivi de manière fluide, que de choisir au hasard un oiseau du ciel en zoomant au maximum en espérant qu’il soit bien dans le cadre et essayer de le garder dans le viseur.

L’utilisation d’une tête à cardan, comme la Wimberley WH200 mark2 ou une alternative beaucoup moins chère mais relativement efficace comme la Neewer ou encore le Manfrotto 393 et un trépied vous faciliteront sans aucun doute la tâche. 
Mais, si vous photographiez à mains levées, assurez-vous d’opter pour une bonne technique. Gardez vos coudes rempliés bien collés contre votre corps pour vous aider à caler l’objectif, et lorsque vous vous tournez pour suivre le sujet, faites-le en tournant votre taille. Écarter légèrement vos pieds vous aidera à gagner en stabilité.

Composition des oiseaux en vol

Un mot rapide à ce sujet, car avec tous les types de photographie, cela peut être très subjectif. Mais en règle générale, essayez de fournir un peu espace autour de l’oiseau et plus majoritairement devant son regard. Néanmoins, si vous avez une aile de coupée à la prise de vue, plutôt que de supprimer l’image, attendez de rentrer chez vous et voyez si vous pouvez équilibrer l’image en coupant également d’autres parties de l’oiseau.

Nikon D750 + Nikkor 200-500mm f/5.6 (1/1000sec |f/8|iso 160|+1.3EV)

Les réglages pour photographier des oiseaux en vol

On va commencer par mettre les choses au clair : il n’existe pas un réglage parfait pour photographier les oiseaux en vol, par contre il existe de bons réglages en fonction du résultat que vous souhaitez obtenir.

La profondeur de champs

Comme pour la plupart des photographies d’animaux sauvages, la règle générale (sauf si vous essayez quelque chose de plus spécifique) est d’avoir presque toujours l’œil de votre sujet net. et c’est également vrai pour les photos d’oiseaux en vol.
Il est important de se rappeler qu’avec une bonne proximité vous n’aurez jamais assez de profondeur de champ pour rendre l’ensemble de l’ oiseau net quel que soit sa taille et en particulier avec une grande envergure (f/2.8-f/4) . Mais si sa tête est nette, votre image fonctionnera bien, pas de panique.

Pour vous donner un maximum de chances d’obtenir la tête d’un oiseau bien nette, vous devez fermer votre objectif vers f/8 ou f/10, à condition qu’il y ait suffisamment de lumière pour ne pas sacrifier votre vitesse d’obturation

Ici le manque de netteté est à cause de la diffraction de l’air dûe aux fortes températures.

Ne soyez pas trop découragé si vos images ont une mise au point mal placée au début, continuez en vous souvenant de vous déplacer en douceur en suivant votre sujet et de garder le point de mise au point aussi près que possible de la tête de l’oiseau.

Une fois que vous êtes à l’aise avec votre technique, vous verrez qu’il possible d’obtenir des photographies avec la tête bien nette à des ouvertures plus grandes, telles que f/4 et f/2.8 même à de bonnes proximités.

Autofocus

A partir de maintenant, il y aura des opinions divergentes sur les modes de mise au point automatique à utiliser pour les oiseaux en vol. En ce qui concerne les appareils photo Nikon, certains disent que le suivi 3D est le meilleur, puisque l’appareil essaiera de suivre l’oiseau sur l’ensemble des collimateurs. Certains disent qu’utiliser un ensemble de groupe de collimateurs pour donner plus de chance de trouver la cible fonctionne le mieux, et certains diront que le point unique fonctionne mieux.

Personnellement, je passe presque toujours par défaut à un seul point. Il s’agit du mode de mise au point le plus rapide, car l’appareil photo doit faire moins de calculs et je peux essayer de positionner plus précisément le point de mise au point où je le souhaite. Il y a des exceptions, et parfois je vais passer au plus petit groupe de points de mise au point automatique en cas de besoin (groupe de 5 collimateurs sur mon Nikon D750 ou D850 par exemple)

Un autre mode à gérer, selon votre utilisation, est le suivi de la mise au point automatique avec verrouillage activé (Suivi MAP avec Lock-On, chez Nikon). Canon en a sa propre version.
En gros, cela vous permet essentiellement de définir un délai entre le temps nécessaire à l’appareil photo pour basculer de son verrouillage actuel sur la cible à une autre plus proche ou plus éloignée dans le cadre. Cette option permet de déterminer la façon dont l’autofocus doit s’adapter en cas de brusque changement de la distance du sujet lorsque AF-C est sélectionné.

Le Suivi MAP avec Lock-On réglé sur un délai long (4 ou 5) vous fera régulièrement louper ce genre de photo car il se concentrera plutôt sur l’arrière plan. ça serait dommage.

Par exemple, si la map (mise au point) est accrochée sur un oiseau et que ce dernier vole brièvement derrière un arbre avant de sortir de l’autre côté, avec le suivi MAP, éteint, l’appareil photo se reconcentre instantanément sur l’arbre car il sera devenu l’objet le plus contrasté et le plus proche dans le cadre.

Avec le Suivi MAP Lock-On, il maintiendra la mise au point sur l’endroit où se trouvait l’oiseau et ignorera l’arbre pendant une durée prédéterminée. Si l’oiseau réapparaît ensuite de l’autre côté 10 secondes plus tard, l’appareil continuera de se concentrer sur lui comme si l’arbre n’était jamais là.

Cependant, c’est là que je trouve que le Suivi MAP Lock-On ne fonctionne pas toujours bien avec les oiseaux en vol, car c’est ce même retard qui peut réellement l’empêcher de suivre un oiseau lorsqu’il se déplace vers vous. En effet, l’appareil photo pense que l’oiseau, qui est maintenant plus proche, est une distraction sur laquelle vous ne voulez pas vous concentrer et fera le focus derrière. Je désactive systématiquement ce mode de suivi car mon utilisation me permet de totalement m’en passer (Il est par contre tout à fait adapté pour les photos de sports, style Basketball)

Ce mode de suivi est incompatible avec mon utilisation de la photographie animalière.
Je le désactive donc.
Vitesses d’obturation lentes vs rapides

Il existe ici deux écoles de pensée. Vous pouvez opter pour des vitesses d’obturation élevées pour figer le mouvement de l’oiseau, ou vous pouvez choisir l’inverse et montrer le mouvement dans les ailes de l’oiseau. 

Chaque méthode à ses propres résultats et souvent cela relève d’une question de goût. Cependant, la lumière peut jouer un rôle dans le choix de la méthode à utiliser. Par exemple, une faible luminosité se prête très bien à des vitesses d’obturation lentes afin de maintenir les niveaux ISO bas, pour ceux qui s’inquiètent d’avoir des images avec du bruit numérique.

Quel que soit le type d’image que vous recherchez , pour trouver la vitesse d’obturation parfaite, il faudra un peu de tâtonnement et d’expérience.

La perspective

Enfin, la dernière chose que vous voulez faire avec vos photos d’oiseaux en vol est de regarder directement vers le ciel sauf (et oui il y a toujours des exceptions) si vous incluez dans votre image un élément intéressant. 
Il y a deux raisons à cela. Le premier est que cela nécessitera souvent une surexposition pour obtenir des détails sur le dessous de l’oiseau (qui sera presque toujours à l’ombre, car le soleil est bien sûr au-dessus de l’oiseau) et le second est le simple fait qu’il produira les plans les moins dynamiques et les moins intéressants.

Evidemment les« règles » ne sont pas absolues, donc si les nuages ​​sont pittoresques ou si la couleur du ciel est intéressante ou encore qu’un élément dans le ciel est présent, expérimentez pour voir ce qui fonctionne.

Une bonne plage dynamique vous aidera à conserver du détail partout dans votre image.
Nikon D750 + Nikkor 200-500mm f/5.6
1/1000sec|f/8|ISO 640|+2.3 EV

Conclusion

Mon conseil principal est : la pratique, la pratique, la pratique et encore la pratique!
 Commencez avec un sujet grand et lent comme un cygne en vol et essayez ensuite avec des oiseaux plus petits et plus rapides (le martin pécheur par exemple ou les guêpiers d’Europe) . 
Des mouvements fluides seront souvent le facteur clé pour augmenter vos taux de réussite. Par conséquent, plus vous passez de temps à améliorer votre capacité à suivre les oiseaux dans le viseur, meilleurs seront vos plans en vol.

Complément de lecture :

J’en profite pour vous conseiller sur différents articles directement liés qui pourront vous aider comme :
Comment photographier les Guêpiers d’Europe?
Comment photographier les Martins-pêcheurs?

Et plus indirectement :
Comment choisir entre un téléobjectif zoom ou une focale fixe?
Comment choisir son premier téléobjectif pour la photographie animalière?
Comment choisir facilement une tête de trépied photo?

2 Comments

  1. Vraiment très bien détaillée et enrichissant, tes conseils sont faciles à suivre.
    J’ai appris sur le fait que tu utilise la (mise au point) sur un seul point, chose que je pensais être plus sur en utilisant plusieurs points.
    Je vais essayer ta méthode, et comme tu dit ” la pratique, la pratique et encore la pratique”

    Merci pour tes nombreux conseils accessibles facilement.
    Sabine
    Ghisaben instagram

    • Oui moins de calcul à faire pour le boitier, sur un seul collimateur. Il est parfois mieux d’en utiliser plusieurs mais comme toujours, c’est toujours dans des cas particuliers.

      Merci de ton soutien 🙂

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