Éthique de la photographie animalière: code de conduite

Il y a peu de choses meilleures dans la vie que de sortir et découvrir la nature.
Peut-être prendre 230km/h à fond de 2 sur une Honda CBR-1000RRR, assister à un concert de métal, où acheter des robes coccinelles sur Vinted, mais tout cela dépend de chacun évidement.
Pour ce qui est des sorties dans la nature, c’est encore mieux lorsque vous avez un appareil photo avec vous et que vous pouvez capturer des moments pour les partager avec les autres.
Il n’est donc pas surprenant que la photographie animalière soit si populaire.

Dans cet esprit, il est important de se rappeler que nous partageons notre planète avec un grand nombre d’organismes différents. Il est essentiel d’être respectueux de leur environnement et de comprendre l’éthique de la photographie animalière.

“Ne prenez que des photos, ne laissez que des empreintes de pas, ne tuez rien d’autre que le temps.”

La citation précédente résume l’idée générale de cet article.

Comprendre l’éthique de la photographie animalière vous permet de réaliser ce genre d’image d’un animal sauvage sans le perturber.
Il s’est d’ailleurs rendormi en ma présence.

Des discussions sur l’éthique dans la photographie animalière apparaissent tout le temps sur les réseaux sociaux.
Je suis fermement convaincu que les photographes animaliers devraient suivre un code de conduite assez basique, qui est partagé avec une grande majorité de professionnels de ce secteur.

Le guide éthique suivant est adopté par un certain nombre de concours de photographie majeurs, et vous devriez envisager d’aborder votre approche en tant que photographe animalier, en le respectant.

1- Ne pas déranger !

Lorsque vous vous déplacez dans une zone, il est important d’être calme et discret. Non seulement cela augmente vos chances d’observer des animaux, mais cela réduit les perturbations que vous pourriez causer.

Interpeller intentionnellement un animal en criant ou en lui jetant des objets est bien plus problématique que vous ne le pensez. Non seulement il y a une dépense d’énergie inutile, surtout en hiver, dans la réaction de fuite de l’animal, mais vous pourriez effrayer un oiseau parent sur son site de nidification, condamnant à une mort certaine ses petits et donc les générations futures de cette espèce.

Il n’y a pas que les animaux que vous pouvez déranger, car parfois, j’ai attendu des heures dans des affuts publiques disposés dans des réserves naturelles, pour être rejoint par quelqu’un qui sent obligé de parler fort. Faire preuve de respect envers vos pairs est également important surtout quand vous tombez sur quelqu’un comme moi qui n’a aucune patience envers notre espèce.

Oh ! Et même si vous avez fait appel au service d’un herpétologiste, le faire déranger et positionner des serpents afin qu’ils soient plus photogéniques, ça reste une pratique d’enfoiré. Même si c’est un “professionnel” qui le fait pour vous, c’est non. Ne tombez pas dans la facilité et la médiocrité.

2- Respectez la loi.

Des lois sont en place pour protéger la faune et elles doivent toujours être respectées!
Nous sommes observateurs et/ou photographes, pas chasseurs!
Elles s’appliquent, en théorie, à tout le monde, aussi prudent que vous pensez être. Quiconque envisagerait même de s’approcher illégalement du nid d’un oiseau protégé, est très peu susceptible d’être en mesure de repérer les signes de détresse qu’il provoque. Les lois sont là pour une raison, et vous pourriez même amener un parent à abandonner ses petits, condamnant encore une fois, à une mort certains, ses petits et donc les générations futures de cette espèce.

3- N’utilisez pas de leurre sonore.

Semblable au point numéro 1, l’utilisation de leurre sonore (chant d’oiseau enregistré pour attirer les oiseaux) peut perturber le comportement naturel des oiseaux.

Je considère que vous ne devriez jamais utiliser ces leurres, car ils modifient le comportement des animaux uniquement pour vos besoins et ça, c’est contraire à l’éthique. Cela vaut également pour l’utilisation des appeaux pour attirer les mâles d’une espèce pendant la saison de reproduction.

Quelle que soit votre opinion sur ce qui précède, vous ne devez jamais utiliser de leurres ou appeaux pendant les saisons de reproduction, car cela perturbe et stresse les animaux. Par exemple, lorsqu’un mâle doit défendre son territoire contre de vrais intrus, il peut être déjà fatigué à essayer de trouver les intrus inexistants que vous imitez et sera épuisé/stressé à cause de vous lorsqu’il aura vraiment besoin de défendre son territoire.
Cela concerne évidement les vidéos YouTube contenant des sons enregistrés que vous lancez, le son à fond, sur vos smartphones (si si, j’en ai déjà vu faire)

Avec les différents conseils dispensés dans les nombreux articles sur ce blog, ce genre d’image vous sera facilement réalisable.

4- N’utilisez pas d’appât vivant !

Personnellement, je ne vois aucun problème à utiliser des animaux morts pour nourrir les animaux sauvages si cela peut leur être profitable. Évidement, à condition qu’ils proviennent de sources éthiques et vérifiés : par exemple, la collecte des animaux tués sur les routes pour les oiseaux de proie ou prédateurs. Certains centres de soins utilisent cette méthode pour nourrir leurs pensionnaires. Les animaux morts sont testés afin d’éviter la transmission de maladies.

En fait, il peut même être bénéfique de fournir de la nourriture supplémentaire pendant l’hiver à certains animaux.

Cependant, utiliser des appâts vivants est un grand NON !
Alors que les animaux tuent d’autres animaux naturellement, ce n’est pas à nous d’en sacrifier pour nos photos.

Cette pratique est très mal vue dans la communauté photographique mais elle est malheureusement utilisée par beaucoup de photographes animaliers.

Ces photographes, quand ils ne le font pas eux-mêmes, payent des propriétaires d’affuts pour y photographier différents animaux nourris avec des proies vivantes ! Ils ont ainsi l’assurance de ressortir avec des photographies impressionnantes et likées très rapidement sur les réseaux sociaux. Le but étant d’avoir le plus de likes possibles.
Il existe un certain nombre de ces affuts où un animal vivant sera fourni comme proie, dans un espace photographique contrôlé, pour qu’un prédateur vienne la dévorer.

Je considère ces photographes du même niveau que les chasseurs pour qui on relâche des millions d’animaux d’élevages tous les ans, sur des sites précis, afin qu’ils aient de quoi s’amuser à tuer. En gros, des sous-hommes.

Cela ne vaut pas la peine de tomber dans la médiocrité et la course aux likes.
Une image éthique est bien plus gratifiante qu’une image obtenue dans ces conditions. Il serait dommage que votre nom apparaissent dans la liste des photographes utilisant de tels procédés.
C’est d’ailleurs l’un de mes projets auquel vous pouvez contribuer .

5- N’interférez pas avec les nids.

Il est dramatique que je doive écrire cela dans cet article, mais j’ai encore vu des images postées sur des sites de partage de photos et évidement sur les réseaux sociaux, qui rende cela nécessaire. Certains photographes sont connus pour enlever des oisillons qui sont beaucoup trop jeunes pour quitter le nid, qu’ils positionnent de manière photogénique sur des perchoirs. La mère vient ensuite les nourrir à l’extérieur du nid, et ils publient ces photos qui semblent incroyables pour leur public alors que…
Pour moi, et pour beaucoup d’autres, c’est une photo écœurante montrant totalement le mépris flagrant pour le bien-être animal.

Non seulement, cette perturbation est illégale mais surtout ne devrait jamais avoir lieu !

Dans tous les cas, approcher un nid de très près (sauf acte de soin) montre ce mépris total des animaux pour satisfaire sa petite personne à la recherche de likes.

6- Recherchez les signes de détresse

Si vous photographiez un animal et qu’il semble en détresse, ne continuez pas à le faire! Un exemple concret de cela est lorsque vous apercevez un oiseau dans un arbre et que vous vous rapprochez pour le photographier. S’il commence à voler autour de vous, il est probable que vous vous trouviez près de son nid. Reculez et changez d’endroits.

Au lieu de cela et si vous voulez l’observer sans le déranger, vous pourriez peut-être positionner un affut à une certaine distance du nid. Si possible laissez-le là pendant une petite semaine pour qu’ils s’y habituent. Vous pourrez obtenir des photographies de vos sujets dans leur état normal de vie, sans stress causé par votre activité.

En conclusion :

Si vous avez une idée de photos et que vous vous posez des questions sur l’éthique photographique, c’est que ce n’est probablement pas éthique. Donner la priorité à la faune est de la plus haute importance. Une image ne vaut pas le dérangement, ni même la vie, d’un animal.

Les photographes qui s’écartent de ce code d’éthique le font pour l’attrait du like. Ils ne pratiquent la photographie animalière que pour obtenir des likes virtuels. Retirez-leur, les réseaux sociaux et ils revendent aussitôt leurs matériels photo. Totalement pathétique et malheureusement très courant! La moindre difficulté n’est pas envisageable pour eux.

Toutefois, une bonne éthique de la photographie animalière ne va pas entraver votre créativité pour autant. Un bon photographe pourra produire des images incroyables en toute sécurité dans les limites de cette éthique.

Un écureuil qui boit paisiblement sous le regard d’une grenouille verte (sous la patte de l’écureuil)

Si vous voulez grandement vous améliorer dans la photographie j’ai créé deux guides du photographe animalier :
1 – Guide du photographe animalier : “Débuter, Apprendre, Maîtriser”
2 – Guide du photographe animalier : “Place à l’expertise”

Et si vous cherchez comment photographier la faune sauvage, avec un petit budget, alors, lisez cet article. Le matériel listé vous aidera sans nul doute.

J’en profite pour vous conseiller différents articles qui pourront également vous aider :
– Comment choisir entre un téléobjectif zoom et une focale fixe?
– Comment choisir son premier téléobjectif pour la photographie animalière?
– Comment choisir facilement une tête de trépied photo?

2 Comments

  1. Très bon article qui j’espère va causer un déclic pour certains, et pour d’autres poser les limites pour une observation discrète de la nature et des trésors qu’elle réserve aux plus discrets ❤️

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.