Devons-nous utiliser des appâts pour attirer la faune sauvage?

Un sujet qui divise de nombreux photographes animaliers est celui de l’appâtage de la faune à des fins de photographie. Certaines personnes pensent que l’appâtage de toute sorte est contraire à l’éthique et devrait être évité, tandis que d’autres pensent que c’est parfait comme méthode pour obtenir la photo idéale. Répondre uniquement par oui ou par non est difficile car il y a différents degrés d’appâtage utilisés.
Les aliments naturels (BIO évidement), tels que les noix, sont le plus souvent utilisés pour attirer un sujet. Cependant, des animaux parfois morts ou même vivants sont utilisés pour appâter des espèces prédatrices.
C’est ce dernier qui suscite généralement des débats plus animés.

Certains photographes animaliers vont jusqu’à utiliser des cadavres ou des animaux vivants pour attirer les rapaces et obtenir leurs photos.

L’éthique est extrêmement importante pour moi quand il s’agit de mes photographies.
J’ai même écrit un article sur l’éthique de la photographie animalière sur le blog.
Une de mes espèces préférées à observer et à photographier est l’écureuil roux, mais c’est un animal très difficile à trouver et à approcher, hors parcs.
Ils mènent une vie arboricole (dans la canopée des arbres) et passent peu de temps au sol. Pour cette raison, les photographes utilisent des noisettes pour les encourager à venir dans un endroit où ils peuvent les photographier.
Cependant, même l’utilisation de noisettes peut entraîner des problèmes de suralimentation et de contamination des aliments.
Pour lutter contre cela, il faut que ces photographes s’assurent de ne jamais permettre aux animaux de devenir dépendants d’eux en tant que source principale de nourriture. Ceci est extrêmement important, afin qu’ils conservent leur comportement naturel mais ne souffrent pas non plus si vous arrêtez de les nourrir du jour au lendemain.

À mon avis, si l’utilisation d’aliments naturels est faite correctement avec le bien-être de l’animal avant tout, alors je n’y vois pas vraiment de problème.
Ce n’est pas parce que je ne nourris pas les animaux sauvages pour mes photographies que cela est forcément mal.

Dans le cas de nourrissage à des fréquences peu élevées, les écureuils se nourrissent donc naturellement et les photographes dispersent les aliments pour que ces petits lutins (c’est l’un de leurs surnoms) doivent encore travailler pour avoir leur repas. Cela profite à l’animal car ils continuent de se comporter naturellement, au lieu de se fixer à une mangeoire.
Évidement certains photographes font des aménagements avec plusieurs branches autour d’une ou plusieurs mangeoires ou autour des fameuses drink-station, rendant les animaux dépendant et diminuant drastiquement leur chances de survies lors de l’absence prolongée de ces photographes si cela se situe en pleine nature, loin d’habitations.

Cet Harfang des neiges se précipite sur un campagnol en Finlande. Le campagnol est déjà mort et a été posé là dans le but de photographier cet oiseau. Les habitants de la région piègent les campagnols dans leurs caves car ces derniers mangent dans leurs provisions. Que cela nous plaise ou non, ils vont forcément les tuer. Au lieu de les laisser jeter les campagnols, ils sont rassemblés pour nourrir les oiseaux de proie environnant . C’est, à mon avis, une photographie éthique: aucun animal n’a été tué pour les besoins de cette photographie et ils ne sont pas disposés devant un affut contre de l’argent.

Le plus gros problème pour moi est l’utilisation d’appâts vivants ou tués dans le but d’obtenir des photographies. Je ne ferai jamais cela et je trouve que ceux qui s’adonnent à ces pratiques sont vraiment écœurants. Nous ne devons pas mettre nos photos au-dessus de la vie des animaux. Faire cela est contraire à l’éthique !

Mais, malheureusement, cela se passe souvent dans le domaine de la photographie animalière car beaucoup ne pratiquent cette passion que pour les likes virtuels obtenus sur le réseaux sociaux.
Par exemple, jeter une souris vivante devant un hibou est cruel et ne donne aucune chance de survie à la souris. Souvent, ces proies sont achetées dans les animaleries et mourront dans la nature, si elles arrivent à s’échapper.
Il faut vraiment manquer de moralité pour faire ça !

Certains en profitent et créent de véritables “parcs d’attractions” pour photographes animaliers.
En gros, vous payez pour avoir l’assurance d’avoir des photographies impressionnantes, dans un milieu “photographiquement contrôlé” où sont sacrifiés des animaux pour vos photos. Voici quelques exemples que j’avais posté en storie Instagram

Moyennant une centaine d’euro, vous êtes assuré d’obtenir une photo exceptionnelle. En sacrifiant ici, plusieurs poissons enfermés dans un aquarium modifié afin de faire des photographies aussi bien sur l’eau que sous l’eau.
Difficile d’obtenir ce genre d’image dans la nature. Pourquoi se fatiguer quand on peut payer et sacrifier des poissons dans le but d’obtenir le plus de likes sur les réseaux sociaux.
Voici l’une des méthodes utilisées qu’utilisent les photographes afin d’obtenir une photographie de martin pêcheur posé avec un fond bien propre. Le martin pécheur attiré par les poissons mis sous ses yeux se pose sur ce magnifique support très photogénique.
Certains martins pêcheurs tentent de plonger dans l’aquarium et se cassent le bec.
Incapables de se nourrir, ils mourront de faim plus tard mais ce n’est pas grave puisque d’autres viendront, pour le plus grand bonheur des photographes et surtout des propriétaires de ce genre d’aménagements.

Ces aménagements existent aussi bien pour attirer les loups, les ours, les lynx, des rapaces et encore biens d’autres animaux. Certains aménagement simulent même plusieurs conditions météos (vent, pluie, brume, orage) grâce à des équipement placés sur le site : Ventilateurs, gicleurs, fumigènes, flash etc…
Une astuce pour repérer les photographes qui pratiquent ce genre de photographies, c’est qu’ils ne partagent pas ou extrêmement peu les photos “backstage” de leurs lieux de prises de vues. Dans le cas de photos de martins pêcheurs capturant leurs proies sous l’eau, vous pouvez voir la nageoire caudale des poissons coupée. Ce qui les empêchent de s’enfuir même lorsqu’ils ont repéré le prédateur leur fonçant dessus.

En conclusion, je pense que l’utilisation d’appâts pour attirer la faune à sa place dans la photographie animalière, mais à condition que cela soit entièrement éthique et accorde la priorité au bien-être de l’animal.
Les gens nourriront toujours les animaux, quelle qu’en soit la raison, mais avec une éducation appropriée sur les problèmes qui l’entoure (même avec des aliments naturels), cela peut être inoffensif, voir bénéfique.

A partir du prix d’un café, vous pouvez m’aider directement dans la lutte contre les pratiques immorales que je dénonce régulièrement. Je détaille mon projet complet ici !

Et vous? Pratiquez-vous l’appâtage afin d’obtenir des photographies sympas? Quels aliments donnez-vous?

Ma photographie est peut-être moins impressionnante qu’obtenue dans un affut où sont sacrifiés des poissons, cependant j’ai eu le bonheur d’avoir observé, photographié et filmé ce martin pêcheur dans son habitat avec un comportement naturel.

Si vous voulez grandement vous améliorer dans la photographie j’ai créé deux guides du photographe animalier :
1 – Guide du photographe animalier : “Débuter, Apprendre, Maîtriser”
2 – Guide du photographe animalier : “Place à l’expertise”

Et si vous cherchez comment photographier la faune sauvage, avec un petit budget, alors, lisez cet article. Le matériel listé vous aidera sans nul doute.

J’en profite pour vous conseiller différents articles qui pourront également vous aider :
– Comment choisir entre un téléobjectif zoom et une focale fixe?
– Comment choisir son premier téléobjectif pour la photographie animalière?
– Comment choisir facilement une tête de trépied photo?

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